- Création 2015 - Archivé -
Inventaire
balnéaire

Soirée diapos

"Le 24 février 2015, N. roule sur l'autoroute A9 en direction de Narbonne-Plage en écoutant les informations de la matinée. Il aurait trouvé plus adéquat que la radio diffuse « La Mer » de Charles Trenet, mais cela ne s'est pas produit. Il a néanmoins eu la chanson dans la tête toute la journée. Il se disait, bien-sûr, que ce n'était pas très raisonnable de débuter l'exploration avec un tel cliché."


Notes

La démarche du Parc Naturel Régional de la Narbonnaise, dans le cadre du dispositif Paysage en Chantier / Les Archives du sensible, est d'inviter des auteurs et plasticiens à explorer une parcelle du territoire pour faire émerger un regard singulier, en s'attachant à un processus artistique expérimental et en favorisant de nouvelles formes d'écriture. La thématique proposée aux artistes pour guider leur travail est : "Territoire réel, imaginaire, rêvé".
Pour cette première expérience avec le Parc, La Vaste Entreprise a exploré les communes de Narbonne-plage et St-Pierre-la-mer.


Extraits

Soit N. l'auteur de cet ouvrage
invité par le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise
dans le cadre du projet Paysages en Chantier / Les Archives du Sensible
à venir explorer la parcelle de littoral balnéaire que constituent Narbonne-Plage et St-Pierre-la-Mer.

Le 24 février 2015,
N. roule sur l'autoroute A9 en direction de Narbonne,
puis Narbonne-Plage et St-Pierre la Mer,
en écoutant les informations de la matinée.
Il aurait trouvé plus adéquat que la radio diffuse « La Mer » de Charles Trenet, mais cela ne s'est pas produit.
Il a néanmoins eu la chanson dans la tête toute la journée.
Il se disait, bien-sûr, que ce n'était pas très raisonnable de débuter l'exploration avec un tel cliché

En plein mois de février,
N. a passé deux nuits dans un hôtel face à la mer,
où il était de toute évidence l'unique pensionnaire,
et c'est quelque chose qu'il n'avait jamais fait.
Il en a profité pour se rendre sur le site de l'Office de Tourisme,
où l'on peut voir à toute heure les images flmées en direct par la webcam accrochée en haut d'un lampadaire.
On peut, par exemple, zoomer sur la promenade du front de mer et regarder les passants longer la plage,
ou courir,
ou s'embrasser,
ou promener le chien.
ou s'asseoir un moment, et attendre.
Parfois, en hiver, personne ne passe dans le champ pendant 25 minutes.
Mais quelqu'un peut surgir à tout moment.

Le 11 juin 2008
alors qu'il somnole sur la plage
L. entend les conversations de ses voisins de serviette.
Une femme dit à une autre
Aujourd'hui avec les cancers de la peau
les gens ne passent plus la journée à la plage
l'après-midi ils font autre chose.
Et dans son demi-sommeil
L. se demande ce qu'il va bien pouvoir faire cet après-midi.

Chers amis. Enfin, nous sommes à la mer. Comme vous le voyez, je n'ai pas trouvé de jolie carte-postale. On ne trouve plus que des cartes avec des femmes nues. C'est un peu dommage. J'aurai préféré quelque chose de plus simple. Tant pis. Enfin, c'est surtout l'occasion d'écrire un mot, n'est-ce pas. Bon, voilà. On se voit bientôt.
- Ici depuis déjà huit jours, mais je me sens seule car Jean-Pierre reste dans la chambre toute l'après-midi à regarder le Tour de France. J'avais rêvé d'autre chose pour ces vacances. Je vous embrasse, sans enthousiasme.

le 4 juin 2015,
N. entre dans une boutique de souvenirs et articles de plage
bien décidé à acheter quelque chose qui puisse représenter Narbonne-plage.
Il tombe tout de suite sur une mouette en peluche
également utilisable en porte-clés
(bien que sans doute un peu encombrant dans un sac à main
et à fortiori dans une poche de pantalon).
La mouette en peluche
également utilisable en porte-clés
a la particularité
et l'avantage
de faire du bruit si on lui presse le ventre.
Elle fait un bruit de mouette
(disons un bruit de mouette de synthèse, mais enfin, c'est tout à fait reconnaissable)
N. ne peut pas résister à la tentation d'acheter la mouette.

le 4 juin 2015,
N. entre dans une boutique de souvenirs et articles de plage
bien décidé à acheter quelque chose qui puisse représenter St-Pierre-la-Mer.
Il regarde les nombreux articles
tous imprimés d'images de la station.
t-shirts
tasses
dessous de plats
reposes-cuillère
coupelles pour les noyaux d'olives (c'est vrai qu'on ne sait jamais quoi faire des noyaux d'olives).
N. tombe finalement sur une étagère remplie de phares de toutes tailles,
joliment peints en bleu et blanc.
Ce sont des phares qui ne ressemblent absolument pas au phare de St-Pierre-la-Mer.
Mais vraiment pas du tout.
On dirait des phares bretons.
N. choisit un phare breton de taille moyenne et l'achète.
Le vendeur propose gentiment de graver dessus
"St-Pierre-la-Mer".
N. accepte très volontiers.