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L'Usine
Trois-huit
filmique

"Le corps sous la peau est une usine surchauffée" — Antonin Artaud.

"24h. Vingt-quatre instants d'un voyage au centre de l'usine – en l'occurence l'usine ArcelorMittal de St-Chély d'Apcher, en Lozère – où le plus fonctionnel se transfigure en matière poétique.
Jeu de correspondances secrètes entre des matières et des parcelles de corps, des mouvements et des sons, des rythmes et des lignes graphiques. Une poétique s'enroule autour de l'image de l'usine, des fantasmes qu'elle suscite – ici et ailleurs. Une œuvre nourrie de la rencontre avec les travailleurs, qui se sont volontiers prêtés à la discussion, nous aiguillant vers leurs propres visions poétiques.
L'homme a construit l'usine. L'usine est devenu corps.
Organicité de l'usine dans la nature qui l'abrite, abreuvée de l'eau des rivières – vitale.
Organicité du corps-usine, aux canaux et artères communiquant entre eux, aux mouvements perpétuels, à la respiration ininterrompue de jour comme de nuit.
Le corps de l'homme, caché sous les vêtements de sécurité. Les gestes et les postures sont précis, efficaces, solides. Nous y avons « substituer » un corps sans effort, un corps dévêtu, vulnérable. Organicité du corps humain dans le corps de l'usine.
L'œuvre est construite comme une série de « tableaux en mouvement » : 24 poèmes visuels qui pourraient continuer en d'infinis tours de cadran. Parce que la thématique du temps nous est apparue centrale et omniprésente. Temps infini et fragmenté à la fois, par la tombée de la nuit et le lever du jour, par les cycles des machines - et par l'homme, dans la danse continue des équipes qui se succèdent.
Mais évoquer le mouvement et le temps, c'est aussi évoquer leur corollaire : l'immobilité, l'arrêt. Et en creux, bien-sûr, la crainte de la mort du corps géant, par arrêt définitif de ses pulsations. La fragilité redoutée de ce robuste corps, de ce géant nourricier qui veille sur une ville entière. Ici comme dans d'autres villes.
Mais ici, le géant semble encore insubmersible."

(Durée du film : 11 min.)